Tout nus

 Vendredi 30 juillet 2010

 

Les vêtements constituent-ils une prison de textile ? Si oui, il s’agit d’une geôle dans laquelle la plupart d’entre nous s’enferme volontairement. Je me suis longtemps cru pudique parce que, adolescent, je détestais me montrer nu devant mes parents et devant mon frère. Mais hier, tout a changé. Je ne pourrais que très péniblement évoluer sans habits devant un de mes proches (excepté devant mon homme évidemment), mais j’ai découvert que je pouvais exhiber mes fesses et mes attributs virils à la vue de parfaits inconnus.

E. et moi nous promenions sur un sentier de randonnée, quelque part dans le Finistère, admirant les falaises et les gros rouleaux de l’océan, quand nous avons aperçu dans une crique, en contrebas, quelques quidam tout à fait dévêtus. D’abord, nous avons fait la grimace (beaucoup de graisse et de cellulite), puis E. s’est carrément exclamé « Franchement, est-ce que ce n’est pas de l’exhibitionnisme quand même ? » Je lui ai fait remarquer que l’exhibitionnisme, c’était se montrer à qui ne le souhaite pas, dans un lieu inopportun. Là, dans une crique, on ne peut s’exhiber : il n’y a guère que des voyeurs, en haut des falaises. Nous. Puis, poussé par un frisson d’excitation et de peur à l’idée de brûler un interdit, je lui ai proposé que nous-mêmes après le déjeuner, nous descendions dans cette crique pour nous faire bronzer tout nus.

En fait, je ne le lui ai pas franchement proposé, je l’ai plutôt informé de ce que nous allions faire. Avec pour arguments :

1° Il n’y aurait plus seulement de la graisse et de la cellulite sur cette plage, mais aussi deux jolis corps élancés, peut-être que ça attirerait des garçons agréables à mater.

2° Nous n’enlèverions nos maillots de bains qu’une fois allongés sur nos serviettes, dans la plus grande discrétion. Je le pensais vraiment : à ce moment-là je m’imaginais encore incapable de me balader à poil sur une plage !

Nos salades de concombres et de saumon Fleury Michon avalées, nous avons donc emprunté le chemin casse-gueule entre les rochers permettant d’accéder à la crique. Nous avons choisi un amas rocheux près duquel nous avons étendu nos serviettes puis, vêtus de nos slips de bains, nous sommes allés échanger quelques balles avec nos raquettes en bois. Rougissant et essayant autant que possible d’ignorer les gens qui erraient les fesses à l’air autour de nous.

Rapidement, nous sommes retournés à nos serviettes, nous sommes allongés et, décidé par l’hésitation d’E. (l’occasion de me monter plus téméraire que lui !), j’ai enlevé mon slip de bains. Mon homme a évité de me regarder et a fait de même. J’ai également détourné le regard, craignant de bander. Je ne peux pas dire que j’étais super à l’aise, ça non ! Peu de temps s’était écoulé quand E. a remis son maillot pour aller se baigner. J’ai fini par m’asseoir pour regarder son exploit (eau à 16° C). Il a nagé quelques brasses puis m’a fait signe de le rejoindre. Je lui ai fait signe que non. Ce n’était pas la température de l’eau qui me retenait, mais l’indécision : pour le rejoindre dans l’eau est-ce que je prenais mon courage à deux mains et que je traversais la dizaine de mètres qui nous séparait dans la plus parfaite nudité ou bien remettais-je mon slip ? Dans ce dernier cas, j’avais l’impression de ne plus assumer ce pourquoi nous étions venus : dépasser nos complexes pudibonds. Dans le premier cas… la honte ! J’ai choisi la peur d’avoir honte. Craignant une érection en sentant le regard d’E. sur moi, je ne me suis pas fait prier pour entrer dans l’eau fraîche. J’ai laissé de grosses vagues me passer par-dessus la tête et me suis bien amusé.

Ensuite nous sommes retournés ensemble à nos serviettes. J’ai proposé à E. une partie de raquettes pour nous sécher. Il a hésité : « – J’enlève mon maillot ? – Mais oui, tu sècheras mieux ! » Quel plaisir de jouer ainsi tout nu, de bondir pour attraper la balle, mon corps entièrement caressé par le soleil brûlant. Quel sentiment de complète liberté ! Mon mec, manifestement, y prenait le même plaisir : il arborait un sourire rayonnant tant sur ses lèvres que dans ses yeux, semblant ne plus tenir en place, sa petite queue flasque s’agitant au rythme de ses contorsions et ondulations. Plusieurs fois nous nous sommes vautrés dans le sable pour attraper la balle. Et hop ! nous étions de retour dans l’eau pour nous nettoyer (et, accessoirement, pour refroidir le moteur, nos engins mollassons ayant tendance à s’égarer dans le champ des demi-molles).

Un groupe de trois adolescents, entre seize et vingt ans, plutôt mignons, est venu s’installer dans la crique. Quel plaisir d’admirer leurs corps jeunes, secs et lisses. L’un deux avait des fesses rondes et petites comme des pommes, et un sexe remarquable par sa longueur (au repos bien entendu). Les heures ont passé, nous ne sommes partis que parce que notre peau commençait à rougir un peu trop malgré la crème protectrice. Dans la voiture, notre conclusion était évidente : nous rentrions le lendemain à la maison, notre congé expirant, mais il était certain que nous réitèrerions l’expérience dès que possible. Désormais, nous ferions des économies en maillots de bains !

 

Noonday Heat (peinture de Henry Scott Tuke)

Si nous n’avons pas bandé sur la plage (hormis à un moment où j’ai eu un début d’érection, que j’ai jugulé en m’allongeant sur le ventre ; bêtement je m’étais mis à imaginer un plan à trois avec E. et l’un des ado), nous étions extrêmement excités du plaisir que nous avions pris à nous sentir si libres et à nous admirer l’un l’autre nus sur la plage : hier soir, de retour dans notre chambre d’hôtel, nous avons baisé comme nous ne l’avions plus fait depuis longtemps. E. m’a dit : « Alors, on se vide les couilles ? » Ce qui a suffi à me faire démarrer au quart de tour. Nous nous sommes un peu sucés puis, il m’a demandé si je voulais bien qu’il me prenne. « J’ai peur d’avoir mal, lui ai-je répondu. » Il faut dire que deux jours auparavant, il m’avait pris à sec et j’avais éprouvé plus de douleur que de plaisir. Il a insisté tendrement, en me cajolant, et je n’ai pu résister à son sourire carnassier et avide. Cette fois, la grosseur de sa queue a été un atout plutôt qu’une source de maux et nous avons tous deux connu une extase qui n’existe la plupart du temps que dans les fantasmes. 
C’est avec la plus grande impatience que nous allons attendre de retourner sur une plage pour nous libérer de nos vêtements et jouir de nouveau de notre propre nudité.

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